Synthèse macro-économique

Deuxième trimestre 2022

Par Frédéric Hamm

27/07/2022

Au niveau du marché des actions, le fossé entre les statistiques économiques alarmistes publiées et le discours plutôt positif des chefs d’entreprises se creuse de plus en plus. Ainsi, les analystes ont certes revu à la baisse leurs perspectives de bénéfices sur les sociétés cotées mais de manière très marginale. Chez Colibri AM, nous pensons que les publications du deuxième trimestre rééquilibreront la donne en faveur des statistiques économiques ; en effet, la crise ukrainienne va avoir des conséquences structurelles de grande ampleur sur l’ensemble des secteurs économiques.

Concernant les taux, poursuite de la remontée dans des proportions significatives du fait de chiffres d’inflation sur des plus hauts de plusieurs décennies. Ainsi, le 10ans US (T-Note) a quasiment tutoyé les 3.50%, soit près de 1 point de plus sur le trimestre. Même constat en Europe avec le taux à 10ans de l’Italie (BTP) qui a pratiquement doublé sur le trimestre, passant brièvement au-dessus des 4%. Parallèlement, le taux à 10ans de l’Allemagne (Bund) est passé de -0.20% à 0.56% (plus aucun pays n’a de taux long négatif désormais), celui de la France (OAT) de 0.2% à 1.1% (plus haut depuis 2017). A noter que les craintes de récession de plus en plus accrues ont entraîné une détente des taux relativement forte. Chez Colibri AM, nous insistons depuis plusieurs mois sur le risque probable de « stagflation » (baisse de la croissance accompagnée d’inflation). Et la crise ukrainienne nous amène un peu plus vers cette situation économique.

A propos des matières premières, le baril de pétrole WTI progresse à nouveau ce trimestre, engrangeant un gain de 5.5% ; à l’inverse de l’indice large des matières premières, l’indice CRB, qui a à contrario subi une baisse de 6% sur la même période. Cette divergence est due d’une part à la crainte de récession faisant chuter les métaux (cuivre, nickel, fer, aluminium, …) ; et d’autre part, à la guerre en Ukraine qui soutient les matières premières énergétiques. Chez Colibri AM, nous sommes convaincus que nous entrons dans un monde de rareté concernant les matières premières avec la crise ukrainienne, mais également au plafond atteint par la mondialisation en termes commercial.

En ce qui concerne les devises, le dollar index (le dollar face à l’ensemble des autres devises internationales) a progressé de 6.50% sur le trimestre en dépassant les plus hauts de 2020 et 2016. De ce fait, l’euro n’est plus qu’à quelques encablures de la parité face au dollar US qui est le premier objectif chez Colibri AM depuis la cassure du support des 1.07/1.08 (cf synthèse du T1 2022).

Enfin, au niveau géopolitique, les sanctions occidentales contre la Russie semblent très minces face à ce qui risque fort d’advenir aux économies européennes qui dépendent significativement du gaz russe, Allemagne en tête. Selon Colibri AM, les intervenants de marché n’ont pas encore pris conscience de la totalité des conséquences de la situation ; en effet, des pans entiers de l’industrie allemande vont devoir prendre des mesures douloureuses tant au niveau économique que social, ce qui va engendrer des répercussions sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de la plupart des grandes entreprises industrielles mondiales.

Néanmoins, l’inquiétude la plus sévère concerne l’alimentaire, plus particulièrement dans les pays africains qui dépendent des céréales provenant du grenier ukrainien. Famines et flux migratoires risquent de s’intensifier sensiblement.