Synthèse macro-économique

Troisième trimestre 2021

Par Frédéric Hamm

06/10/2021

Au niveau du marché des actions, la première partie du trimestre a été dans le prolongement de la tendance du second trimestre. Cependant, à partir du mois d’août la volatilité s’est accrue et s’en est suivie une période de fragilité des grands indices actions internationaux ; avec, une fois n’est pas coutume, des prises de bénéfices conséquentes sur le secteur du luxe, pour la France, et sur les valeurs technologiques outre-Atlantique. Ainsi, les indices actions de référence internationaux ont clôturé le trimestre stable en terme de performance. Deux grands événements peuvent expliquer ce manque de performance : d’une part, la poussée de l’inflation qui, si elle se poursuit dans la durée, pourrait remettre en cause les politiques ultra-accommodantes des banques centrales ; d’autre part, les craintes de faillite du géant de l’immobilier Evergrande. Même si isolée cette faillite ne devrait pas être systémique, le sujet deviendrait beaucoup plus préoccupant en cas d’ « effet dominos » sur d’autres sociétés du même secteur. A noter que le secteur immobilier représente les deux tiers de la dette à haut rendement, « High Yield », en Chine ; donc la plus à risque aussi.

Concernant les taux, les banquiers centraux sont contraints, à l’image de Jerome Powel le Président de la Fed, de se rendre à l’évidence que la pression inflationniste sera plus longue qu’ils l’avaient prévu au départ. De ce fait les taux longs commencent à se retendre après l’accalmie du trimestre précédent. Néanmoins, le marché « parie » toujours sur un effet inflationniste conjoncturel et non encore structurel, alors que pourtant la carence de main-d’œuvre dans certaines activités (pression sur les salaires) commence clairement à s’ajouter au manque de matières premières (mise à l’arrêt de certains sites industriels).

A propos des matières premières justement, le baril de pétrole WTI vient de tester les plus hauts de 2018 inscrits à 77$. Cette forte hausse a permis à l’indice CRB, regroupant l’ensemble des matières premières cotées, de ne se retrouver plus qu’à 3% de son plus haut historique atteint en 2011. A contrario, le constat est un peu plus mitigé sur l’indice CRB hors Energie qui plafonne sur ses plus hauts de l’année 2014. Ceci explique les récentes mesures politiques prises en Europe (gel des hausses tarifaires) afin d’endiguer la hausse des matières premières liées à l’énergie pour éviter des pressions sociales. Malheureusement, il ne s’agit que de mesures court-termistes, impossibles à maintenir sur le moyen terme et qui va à l’encontre de toute logique de marché.

En ce qui concerne les devises, le dollar index (le dollar face à l’ensemble des autres devises internationales) vient de franchir à la hausse la résistance des 93, ouvrant la voie aux 96,50. Ce mouvement est principalement dû à l’anticipation des intervenants de marché quant à un futur « tapering » (réduction des mesures de politique monétaire accommodante) décidé par la Fed. Pour l’Europe, l’impact de ces mouvements au niveau des changes favorise les sociétés exportatrices ; par contre, il renchérit le coût des matières premières qui sont libellées en dollar US.

Enfin, au niveau géopolitique, la France se voit trahie par ses « alliés » de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, après l’annulation du contrat dit « du siècle ». Plus largement, cet événement affaiblit un peu plus le lien entre les Etats-Unis et le Vieux continent ; ce dernier se tournant de plus en plus vers l’Est (pipeline Nord Stream 2, route de la soie, …) en se rendant compte que l’intérêt de Biden s’est détourné vers la zone Asie après la déconfiture subie en Afghanistan. En effet, Taïwan va devenir le prochain centre de préoccupation nord-américain afin de limiter l’hégémonie Chinoise.